D'Alexandrie à Abou Simbel, vie sur le Nil !

Depuis mon enfance,  l'Égypte me fascinait.

Les cigares du Pharaon, Papyrus , les cours d'histoire de 6ème.
Puis Théophile Gautier et son roman de la momie, Hercule Poirot et ses enquêtes.

Il me fallait confronter la réalité à mes rêves et découvrir enfin ce pays !

Quatre envols,  deux croisières sur le Nil, une sur le Lac Nasser,  un train pour Alexandrie, un autre pour Louxor...
Un bus pour Abou Simbel, un avion, un bateau...
Une arrivée par la Jordanie, une traversée du Sinaï...

Une exploration loin d'être exhaustive du pays mais de quoi rassasier ma soif de pyramides,  hiéroglyphes et dieux antiques !

À la découverte des égyptiens d'un autre temps s'est ajoutée celle de leurs descendants.

Adieu Râ, Horus, Bastet, bonjour Allah et autres Jésus...

Je vous propose maintenant de goûter à quelques tranches de vie de ces voyages au fil d'un fleuve qui a su traverser le temps...



#Égypte

Le superbe bateau de croisière style Art Déco glisse sur la surface déserte du Lac Nasser.

Les passagers reprennent quelques forces dans le fraîcheur climatisée du salon en attendant l'excursion prévue en fin d'après-midi.

Il fait 48 degrés dehors, pas envie de piscine et encore moins d'un transat sur le pont soleil...

Le jeune animateur tente d'occuper son maigre troupeau d'audacieux visiteurs de la Haute-Égypte sous le cagnard d'un mois d'août et nous apprend les règles du Tavla, jeu de hasard raisonné qui déchaîne les passions dans les cafés orientaux.

Nous tombons alors dans le piège diabolique de ces 12 flèches, 30 pions et 2 dés et enchaînons les parties jusqu'à battre notre initiateur...

Quelques jours plus tard, une boîte de Tavla nous fait de l'œil dans une boutique.
Si nous en ramenions une en souvenir ?

Aussitôt dit, aussitôt fait.

La boîte ne reste finalement pas longtemps dans son emballage.

L'attente d'un bus, une partie !
Le karkadé du soir, une partie !
Le café du midi, une partie !

Nous nous fondons maintenant parfaitement dans la masse des clients des troquets locaux à faire battre dés et pions sur le bois du plateau.

Enfin presque...

Les bistrots sont là bas masculins et y voir une femme n'est déjà pas ordinaire.
Une femme qui joue ( et parfois gagne...)au Tavla encore moins...

Jouer devient, en plus d'être un passe temps, une occasion de partager la vie locale, de s'intégrer voire même d'échanger avec les locaux franco ou anglophones.

Alors, si vous allez en Égypte,  vous connaissez maintenant le moyen magique de briser la glace !

Dans les années 1950, Gamal Abdel Nasser décide de construire un barrage sur le Nil en Nubie.

Ce pharaonique projet poursuit un triple but : produire de l'électricité, augmenter les surfaces cultivables et réguler le cours du fleuve.

Les mauvaises langues pourrait en ajouter un quatrième,  assurer à Nasser son passage à la postérité dans un style, ma foi, pas si éloigné de celui de ces ancêtres Khéops, Djoser  et autres Séthi...

Qui dit  gigantesque  barrage, dit montée des eaux et création d'un immense lac de retenue .

Vont bientôt se retrouver submergées  des terres sur lesquelles habitaient des hommes mais aussi des dieux.

Si rien n'a vraiment été prévu pour les premiers, les seconds ont vite su intéresser l'humanité à leur terrible sort.

Après bien des péripéties,  un plan de sauvetage des 14 temples en voie d'être noyés est donc lancé.

Une course contre la montre s'engage alors pour démonter les grandioses vestiges de la civilisation égyptienne et les remonter à pied sec !

Au final, je ne sais pas si l'histoire ne retiendra pas plus l'épopée des blocs de granit des temples d'Abou Simbel découpés,  numérotés,  treuillés, regroupés que celle du barrage...

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La croisière touche a son terme.

Sur l'écran du salon, s'agitent en noir et blanc grues et têtes de Ramsès.

Dans quelques heures, place à la couleur et au puzzle achevé,  nous acostons face aux temples d'Abou Simbel.

J'avais déjà exploré les lieux par deux fois avec une arrivée en bus depuis Assouan.
Le second voyage incluait même une étape nocturne auprès du site.

Mais, même si toutes les façons d'aborder cette merveille aboutissent à d'impérissables souvenirs,  rien ne marque plus qu'une arrivée par le lac en fin de journée !

Les visiteurs d'une heure sont repartis,  les visiteurs d'un soir sont une poignée en ce chaud mois d'août .

La proue du navire se dirige droit vers les temples, tous les passagers sont sur le pont pour admirer l'œuvre immortelle de pharaon.

L'équipage manœuvre,  les croisiéristes sont sous le choc de leur première ocre rencontre avec Ramsès et Néfertari.

Dès le débarquement possible, c'est la ruée !

Une vingtaine de  minuscules silhouettes se dispersent au milieu des géants de pierre.

Autant dire que le silence règne sur l'esplanade comme dans les entrailles des temples !

A peine le cliquetis d'un appareil photo pour troubler le mystère qui se dégage des lieux...

La croisière dîne près des temples éclairés puis s'endort, rêvant à Qadesh,  Hathor ou Osiris.

La croisière se réveille,  les premiers avions atterrissent, les premiers bus déversent leurs grappes de voyageurs encore hagards de leur très courte nuit.

Ramsès et Néfertari sont-ils ravis de connaître encore la gloire des siècles après leur trépas ?

Je ne sais pas mais l'heure magique a  disparu...

Le Caire, centre ville.

Deux voyageurs décident de gagner les pyramides via les transports en commun.

Ras le bol des taxis et surtout de leurs chauffeurs !
Négocier,  toujours négocier la moindre course finit par épuiser les malheureux occidentaux peu habitués au marchandage et qui finissent bien souvent par proposer beaucoup trop, ou beaucoup trop peu...

Le Lonely Planet indique le bus, le lieu de son arrêt et le tarif en vigueur.
Nous avons donc toutes les cartes en main pour arriver sans encombre à bon port !

Le guide oublie cependant une donnée.
Comment monter dans le bus !

Nous observons le ballet des usagers et des vieilleries bringuebalantes censées les transporter.

Le car rempli à ras bord traverse la place à vive allure puis se décide à ralentir alors que s'ouvrent ses portes.

Le conducteur semble vouloir s'arrêter mais, à peine l'arrêt atteint, reprend de la vitesse.

Pendant le court instant où l'engin plafonne à l'allure d'un piéton pressé,  les passagers s'empressent de monter ou de descendre du bus én mouvement.

On essaie d'emprunter le suivant ?

Aussitôt dit, aussitôt fait !

Voilà le bientôt le bon bus qui s'annonce.
Nous nous incrustons dans la cordée parée au prochain assaut, jouons un peu des coudes pour remonter le flot du flux descendant, agripons un point d'ancrage puis sautons dans le fol engin.

Ne reste plus maintenant qu'à réussir la descente...